Les régions littorales françaises présentent un potentiel de développement des énergies maritimes renouvelables (EMR) parmi les plus importants d’Europe. Les 11 millions de kilomètres carrés d’espace maritime, qui se déclinent en côtes, façades maritimes et océans, sont à l’origine de nombreux emplois et de retombées économiques significatives.
Les énergies marines renouvelables (EMR) désignent “l’ensemble des technologies permettant de produire de l’électricité à partir de différentes forces ou ressources du milieu marin” (Ministère de la Transition écologique et solidaire).
Ces forces ou ressources sont aussi bien les courants que les marées, la houle ou encore le gradient de température entre les eaux de surface chaudes et les eaux froides en profondeur. Majoritairement, les technologies maritimes permettant l’exploitation de ces énergies renouvelables, sont à l’état expérimental.
“Aujourd’hui, à l’exception notable de l’usine marémotrice de la Rance, il n’y a pas encore de parc de production en France, mais de nombreux projets de démonstration sont en cours de déploiement”.
Ministère de la Transition écologique et solidaire.
À l’heure actuelle, ce sont cinq types d’énergie qui sont issues de la mer, dont voici une présentation.
Il s’agit d’une technique qui est principalement usitée dans les territoires d’outre-mer car les gradients de température entre eaux chaudes - en surface - et eaux froides - en profondeur - y sont plus importants.
Actuellement, c’est en Martinique que le projet majeur se déploie dans le domaine. Du nom de NEMO, il s’agit d’une plateforme flottante de production d’électricité d’une puissance de 16 mégawatts (MW). NEMO est inscrit au projet de Programmation Pluriannuelle de l'Énergie (PPE) de Martinique, validé le 10 février 2017 par la collectivité territoriale.
L’énergie houlomotrice est une forme “concentrée” de l’énergie du vent. En effet, il s’agit de l’énergie créée par la houle, qui est le va-et-vient des vagues. La houle se déplace sur des kilomètres et peut donc drainer vers les côtes, de l’énergie venant du large.
"L’énergie houlomotrice est notamment développée dans le cadre du projet S3, soutenu par le Programme des investissements d'avenir, au sein de l’École centrale de Nantes avec SBM et l’IFPEN, visant à réaliser et tester en conditions réelles un démonstrateur houlomoteur à base de polymères électro-actifs".
Ministère de la Transition écologique et solidaire.
L’usine marémotrice de La Rance (Bretagne), est l’une des rares usines mondiales du secteur. De nos jours, seules sept usines du genre sont recensées dans le monde au Canada, en Chine, en Corée du Sud (2), en Russie, au Royaume-Uni ainsi qu’en France. D’autres sont à l’étude ou en construction (Inde, Philippines, etc).
L'énergie marémotrice provient du mouvement de l'eau créé par les marées et causés par la combinaison des forces de gravitation de la lune et du soleil. Cette énergie peut être exploitée sous forme d'énergie potentielle (élévation du niveau de la mer) ou bien sous forme d'énergie cinétique (courants de marée).
Les équipements permettant de créer l’énergie hydrolienne peuvent être comparés à des éoliennes sous-marines. Aussi, la production de cette énergie dépend de la force des courants. De ce fait, la côte Nord-Ouest française est grandement favorable à l’exploitation de l’énergie hydrolienne.
Les projets français de turbines hydroliennes sont concentrés en Bretagne et permettent d’alimenter l’Île d’Ouessant, notamment. Quatre autres hydroliennes sont en cours d’étude dans la région et seront pourvues une puissance totale de 2 mégawatts.
Système de climatisation créé à partir du froid produit via l’eau puisée en profondeur, la technologie SWAC est particulièrement opportune et utile au sein des zones intertropicales comme les territoires d’outre-mer.
Le territoire français présente un fort potentiel de développement concernant les EMR. Ce sont les 11 millions de kilomètres carrés d’eau sous sa juridiction qui lui permettent de créer 2.0000 à 3.000 mégawatts. Les atouts naturels de la France sont principalement regroupés au large des côtes normandes, bretonnes et des Pays de la Loire. D’autre part, des occasions sont à saisir en régions Occitanie, PACA et Nouvelle-Aquitaine.
En soutien à la production d’énergie marine renouvelable, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) et le programme étatique “Investissements d’Avenir” ont lancé plusieurs Appels à Manifestation d’Intérêt (AMI). Ces appels visaient à offrir la possibilité aux énergéticiens et aux industriels, de prouver la viabilité des projets afin d’amorcer la phase de commercialisation.
Entre 2013 et 2015, les AMI ont permis de supporter deux projets de fermes pilotes d’hydroliennes océaniques au Raz Blanchard (extrémité nord du golfe de Saint-Malo), un projet d’hydroliennes fluviales dans la vallée du Rhône, trois projets d’éoliennes en mer en méditerranée (Gruissan, Leucate, Faraman) ainsi qu’un projet au large de Groix-Belle île (Bretagne).
En quelques années, l’estuaire de la Loire est devenu le premier pôle industriel français pour les énergies renouvelables issues de la mer. Outre le soutien des pouvoirs publics et la mobilisation des organismes de recherche, le Grand Port de Nantes Saint-Nazaire s’est grandement investi dans cette filière.
L’usine STX France, spécialisée dans la production des EMR témoigne du succès de cette industrie dans la région. En service depuis 2015, elle s’emploie à réaliser deux sous-stations électriques vouées à des champs éoliens offshore, situés en Europe du Nord. Toutefois, Saint-Nazaire (44) n’est pas l’unique protagoniste des EMR françaises. Dans la commune de Montoir-de-Bretagne (44), une usine General Electric (GE) est consacrée à la construction de nacelles et turbines d’éoliennes marines.
Dans la ville du Croizic, en Loire-Atlantique, le site du SEM-REV, géré par l’École Centre de Nantes, est chargé de tester les technologies houlomotrices et éoliennes flottantes. La société regroupe également le Site Expérimental Estuarien National pour l'Essai et l'Optimisation d'Hydroliennes (SEENEOH) qui accueille des hydroliennes pour des applications océaniques. De son côté, l’université de Nantes se trouve engagée depuis 2011 dans des projets de production d’EMR. L’établissement est d’ailleurs à l’origine du WEAME Center (West Atlantic Marine Energy Center) et membre du comité opérationnel en charge de le diriger.
“Forte de ses 15 masters maritimes et de ses 12 laboratoires impliqués dans les EMR, elle coordonne les axes formation et recherche de WEAME Center. En s'appuyant notamment sur sa filiale “Capacités”, elle participe à sa dynamique d'innovation et de valorisation”.
Extrait de la page “Les Énergies Marines Renouvelables (EMR) à l'Université de Nantes”.
Comme toutes les nouvelles technologies, la production d’énergie marine renouvelable soulève des interrogations de la part des habitants des régions concernées. Si ces installations sont, d’une part, génératrice de nombreux emplois, elles pourraient, d’autre part, faire évoluer négativement le visage des côtes françaises. C’est notamment le positionnement d’organismes comme la “Société pour la Protection du Paysage et de l’Esthétique de la France” (SPPEF). Concernant le parc éolien offshore de Saint-Nazaire, le “Groupement des résidents pour la sauvegarde environnementale de La Baule” (GRSB) de même que l’association “Natur’action”, sont mobilisés contre le raccordement du parc au réseau électrique existant.
“La problématique du cadre de vie est essentiellement mobilisée par les résidents, les organisations de loisirs et certains élus locaux, qui soulignent les enjeux relatifs au paysage (les éoliennes offshore vont-elles dénaturer le paysage ? D’où va-t-on les voir ?), à la qualité de vie et à la santé (les champs électromagnétiques sont-ils nuisibles ?). Deux groupes d’opposants-résidents contestent les photomontages réalisés par les porteurs de projets [...] au prétexte qu’ils ne sont pas révélateurs de la visibilité des éoliennes depuis la côte [...].
Annaig Oiry, “Conflits et stratégies d’acceptabilité sociale autour des énergies marines renouvelables sur le littoral français”, VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement, Volume 15 Numéro 3 | décembre 2015, mis en ligne le 28 décembre 2015, consulté le 27 juillet 2018.
Dans la région nantaise, l’immobilier neuf de bord de mer de même que les résidences anciennes, jouissant d’une vue privilégiée sur le littoral, sont-ils menacés par les énergies marines renouvelables ?
Les groupes qui manifestent de la méfiance à l’égard du développement des EMR au large de Saint-Nazaire mobilisent principalement des résidents secondaires ainsi que des retraités. Ces catégories d’habitants semblent particulièrement sensibles à la question du paysage et plus généralement, du cadre de vie. Ils craignent notamment les éventuelles répercussions des installations énergétiques sur le prix du foncier.
Si la question paysagère semble prendre toute la place dans les débats liés aux EMR, les oppositions, qui restent de faible intensité, ne se limitent pas à cet aspect. Cet argument cacherait en réalité un sentiment de déséquilibre dans le rapport de forces existant entre les porteurs de projet et la population locale. Il serait donc question, pour la maîtrise d’ouvrage, d’ouvrir davantage la concertation aux publics concernés par les impacts de ces projets.
Nantes Métropole montre des signes d’ouverture en ce sens et propose, notamment, des ateliers visant à faire participer les citoyens à la création de cartes collaboratives. Ces outils de géolocalisation permettent d’améliorer les services existants au sein de l’agglomération, comme l’information sur la mobilité ou encore la gestion des déchets et le stationnement.
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